Qualité de vie au travail aussi
28 août 2019Libre expression
17 octobre 2020Rencontre avec le Docteur Clive Robbins, le 28 avril 2008
Lundi 28 avril 2008, j’ai eu la chance de rencontrer celui qui était reconnu comme le pionnier de la musicothérapie aux Etats-unis, aux côtés de son ami et collaborateur Paul Nordoff. J’ai nommé M. Clive Robbins.
Il avait alors 80 et quelques années. Il m’avait totalement fascinée. Il est celui qui m’a convaincue alors que je n’étais pas encore diplômée, des bienfaits de la musique dans le soin et le bien-être… Si la musique a ce potentiel de nous réconforter et de nous apaiser ? Qui dirait le contraire ? Le soin cependant, Clives Robbins allait nous en faire toute une démonstration, au travers de ses récits, de ses enregistrements et vidéos, tournés depuis de très nombreuses années. Mes collègues et moi-même, allions être plongés au cœur même de l’univers du soin par l’utilisation du son et de la musique durant trois journées complètes. Et nous sommes à ce jour probablement marqués à jamais par le charisme, la générosité et la gentillesse dont fit preuve M. Robbins ainsi que par les preuves qu’il nous soumit sur la puissance et la diversité de champs possibles que propose la musicothérapie au niveau de la santé et du bien-être.
Trois journées de Master-classes étaient donc prévues à l’université Paul Valéry de Montpellier et nous avions donc la chance de rencontrer M. Robbins venant directement des États-Unis malgré son âge déjà avancé, pour partager avec nous étudiants et anciens étudiants en musicothérapie à l’université, tout son savoir sur ce sujet.
Je ne pense pas, aujourd’hui que M. Robbins n’est plus, être la seule à me souvenir de lui et croire que nous fûmes tous touchés par sa gentillesse, sa joie de vivre, sa passion. Et c’est avec force dynamisme et grande conviction que cette année-là, Il nous raconta la musicothérapie.
Ces classes se sont déroulées de la manière suivante. M. Robbins étaya ses cours par des projections de cas cliniques pris au cours de toutes ses années de travail en collaboration avec M. Paul Nordoff. Il prit le temps et le plaisir aussi de répondre chaque fois qu’il le fallait, à toutes nos questions. Ses cours furent aussi instructifs que ludiques.
M Robbins avait l’art de parler d’une situation et de la rendre réelle. Il nous exerçait à la pratique d’exercices vus lors des projections. D’autres fois, il abordait les explications en utilisant le chant pour nous imprégner de l’impact que cela pouvait avoir. (M.Robbins ne parlait pas français, mais nous avions une parfaite interprète).
Il me semble qu’il n’y a pas eu un seul moment de lassitude, ni de la part de M. Robbins, ni de la nôtre, étudiants et musicothérapeutes. Au contraire, nous buvions ses paroles, nous regardions les images qu’il nous avait rapportées avec grand intérêt tant elles dépassaient nos attentes sans doute dans ce que nous connaissions ou pouvions espérer de la musicothérapie.
Plusieurs cas nous ont donc été soumis à travers les films. Je me souviens de ces cas-là :
- Un très jeune enfant autiste
- Un enfant souffrant de troubles mentaux et/ou moteurs en thérapie de groupe
- Un adulte psychotique âgé
- Un adulte dans le coma
- Un enfant autiste prématuré
- et d’autres extraits que je résume ici.
https://www.qobuz.com/be-fr/info/magazine-actualites/chers-disparus/clive-robbins-est-mort64209
Entre le lundi et le mercredi, nous découvrîmes ces différents cas cliniques. Et lorsque arriva la dernière heure, les classes s’achevèrent par d’autres apprentissages jusqu’au moment de l’au-revoir.
Ce fut un congé très émouvant. J’ai vu des yeux briller, de vraies larmes couler. Je me souviens avoir fortement contenu les miennes. L’émotion était bien présente. M. Robbins nous a marqués.
Au cours de ces trois journées intenses, il nous démontra, il nous prouva, par des images et sans jamais tenter verbalement de nous en convaincre, que la musicothérapie a de réels effets sur l’être humain.
Pour autant, il dit lui-même peu avant de finir : « Est-ce que la musique a des vertus psychologiques, organiques ? Impossible de répondre avec certitude, mais il y en a bien une, elle agit sur l’homme, elle agit sur l’enfant. Elle est ».
Quelques citations relevées de sa part :
« Tout être humain a une faculté innée qui est la sensibilité à la musique, elle existe chez tout individu ».
« La musique révèle un sens et le potentiel présent chez un patient »
« La musique peut nous atteindre, dans notre fondement le plus archaïque »
« La musique mobilise l’attention »
« Chaque séance en musicothérapie est une aventure »
Voici le résumé de cas cliniques abordés avec lui. Toutes les remarques sont de Clive Robbins. Mon témoignage reste en italique.
Lundi 28 avril,
Découverte d’un premier cas :
Pour le décrire rapidement : Il s’agit d’un petit garçon prénommé Thomas. il a deux ans et demi, c’est un enfant qui ne joue pas avec ses frères, il n’utilise pas son corps, il se tape contre les murs. Il souffre de troubles autistiques. Deux thérapeutes le prennent en charge individuellement. (Dans les centres Robin-Nordoff, aux Etats-unis, il y a toujours un thérapeute, et un Co-thérapeute. Ce dernier ayant pour rôle de soutenir les actions de l’enfant, d’enrichir les actions du thérapeute en le soutenant dans son improvisation).
Résumé : 1ère séance. La mère de l’enfant l’emmène pour la première fois. Il est accueilli en chanson « hello, Thomas, hello ». Son prénom est cité plusieurs fois. Il est accompagné à la guitare. L’enfant se balance au son de la musique.
2ème séance : Tandis que le thérapeute joue, l’enfant s’endort. Ce qui émeut totalement sa maman. En effet, son fils dort habituellement très mal et se réveille continuellement, or, là, il dort paisiblement. Le thérapeute qui ne s’y attendait pas est ennuyé et pense que ce n’est pas ce qui aurait dû avoir lieu, mais l’intuition, puis l’improvisation reprennent vite le dessus, et le thérapeute lui chante tout en restant très proche de lui, ce qui est en train de se passer : « Thomas s’est endormi, Thomas se repose »… Etc.
3ème séance : L’enfant joue des cloches tubulaires. Il utilise ses mains qu’il a plutôt tendance à cacher. Il est à considérer que c’est là un acte courageux de sa part. (Remarque par M. Robbins,)
5ème séance : La musique est très rythmée, le Co-thérapeute a pris l’enfant par-dessous les bras et le fait bondir au rythme de la musique sur la surface d’un gros tambour. Le jeu dure longtemps et l’enfant semble y prendre un énorme plaisir. Dans cette séance, il se met pour la première fois à vocaliser.
6ème séance : Recherche pour lui faire utiliser ses mains. L’enfant y parvient en une séance. (Dans ces sessions, le Co-thérapeute est un facilitateur, il soutient continuellement et accompagne pour que l’enfant continue à développer son intentionnalité musicale).
Nous passons à la visualisation de Thomas lors de sa 2ème année de thérapie.
1ère séance : L’enfant se sent maintenant en confiance, il joue sur le tambour dans les moments attendus, comme par exemple pour marquer la fin d’une cadence. (Imaginez la chanson « au clair de la lune », Thomas va automatiquement frapper sur « Rot » de « mon ami Pierrot »).
2ème séance : Thomas chante « go » (partir), ce jour-là, il ne semble pas vouloir être en séance. Normalement le souhait du patient est toujours écouté, respecté. Toutefois, Thomas reste sur place et ne part pas, là, c’est l’ambivalence qui se joue. Le thérapeute recherche la libération dans l’improvisation, en restant dans un cadre rythmique thérapeutique et non pas n’importe comment.
3ème séance : On note là les possibilités d’apprentissage de l’enfant. Le xylophone a été adapté de façon à ce que les notes jouées par ce dernier s’harmonisent automatiquement avec les accords de la guitare.
Dernière séance : L’enfant parle davantage, il chante « Bye ! » plusieurs fois et quitte la pièce tout en continuant à le chanter. Remarque de M. Robbins en réponse à une question : « En thérapie, il est préférable sinon important de ne pas trop regarder le patient, mais plutôt l’instrument ».
Conférence du 28 avril 2008
M.Robbins nous présente d’autres cas mais nous rappelle :
- La faculté innée de tout individu à faire preuve de sensibilité par rapport à la musique.
- Il nous parle de l’émotion : comment gérer celle que nous procure la musique ? Qu’en faire ? Comment l’utiliser avec le patient ? Toutes ces questions sont à se poser.
- Il nous fait remarquer aussi que chaque fois, les thérapeutes chantent aussi le déroulement de la séance.
- Il nous fait remarquer l’utilisation d’une gamme allant vers la tonique ce qui tout naturellement va influencer le patient à conclure la phrase musicale lui-même, par exemple sur un battement de tambour. (Comme cité précédemment dans le cas de Thomas).
Dans ces interactions entre le thérapeute et le patient, divers buts peuvent être atteints :
- La confiance dans le thérapeute
- la confiance dans la musique
- La confiance du patient envers lui-même, étant actif dans la musique.
Toutefois, il peut exister une certaine ambivalence entre l’envie de faire et le faire. Il est très important d’utiliser la production d’un patient en l’intégrant dans une composition mélodique, de la part du thérapeute. Question : Est-il arrivé qu’il n’y ait aucune accroche à la musique, même au bout d’un certain temps, de la part d’un patient ? Qu’il lui résiste totalement ?
C. Robbins : Le temps de poser les bases peuvent être longues, mais le seul souvenir de cas réticent a duré deux mois, ensuite, l’enfant a commencé à participer activement. La musique révèle un sens et le potentiel présent chez un patient. Il y a une interactivité avec les autres, et aussi un bien-être. Il y a l’expression. Imaginez l’enfant souffrant d’une pathologie, il faut se le représenter comme une forme biscornue, complexe. La musicothérapie permet la construction d’un pont que le patient va emprunter , il va prendre confiance en lui et devenir actif. Il fait l’expérience d’un nouveau soi. Petit à petit, cette forme va adopter des courbes plus harmonieuses, l’enfant devient « l’enfant musical ». Au travers de la confiance établie, des liens peuvent être tissés, cette confiance dans le thérapeute permet par extension de gagner de l’assurance dans la vie.
Mardi 29 avril, matin.
M Robbins nous relate sa rencontre avec M. Paul Nordoff. Il nous explique comment ces centres ont été fondés. (Centres Nordoff-Robbins). Leur financement se fait grâce aux très généreux dons des stars telles que Phil Collins, Elton John ou autres. Les familles des patients, elles, ne versent qu’une somme symbolique pour la prise en charge de leur patient, mais elles octroient le droit à l’image et acceptent la formation de nouveaux thérapeutes qui sont aussi des intervenants dans le centre. A l’origine, le premier centre a été créé à Londres. Nous visualisons ensuite d’autres cas. Celui d’enfants handicapés mentaux pris en charge en conservatoire par MM. Robbins et Nordoff. Nous pouvons constater dans ce film qui date des années 60 la progression d’enfants au départ considérés comme incapables par leurs médecins et éducateurs ou soignants, de pouvoir produire quoique ce soit. Or, à la fin du film, ces enfants jouent un spectacle, il sont calmes, concentrés, appliqués, jouent en mesure, sont capables de nuances sonores. (Ils sont tous aux percussions et il y a deux petites harpe et lyre que des petites filles jouent en un glissendo).
Cas de Tiffany, vu lors de la conférence.
En voyant les images du cas clinique de cette petite fille, je m’étais sentie bouleversée. Tiffany laissait entrevoir une apparence et un comportement que l’on pourrait qualifier de « sauvages » de par ses réticences à entrer en contact, ses mimiques, son comportement. Cependant j’avais été surtout frappée par son regard son expression faciale.
Elle était âgée de 11 ans au moment de la prise en charge. Elle semblait très angoissée, presque torturée tant son visage était crispé. Elle criait, ne s’approchait de personne, se cachait les mains, ne parlait pas. Elle souffrait de troubles autistiques graves. Au fur et à mesure des séances, nous avons pu voir la confiance que Tiffany a gagnée et comment au bout de quelques 30 séances, cette enfant s’est mise à sourire, rire, apprécier, communiquer, et le bonheur qui pouvait alors se lire sur son visage ne pouvait être confondu avec une expression hasardeuse ressemblant à un vague sourire. Car au fur et à mesure des séances de musicothérapie, Tiffany était devenue toute autre, malgré sa pathologie sévère et tout le tableau clinique qu’il comprend.
Cas : 5 petits enfants dont 4 sont sourds-profond et un est sévèrement atteint.
Ces enfants sont à peine âgés de deux à quatre ans. Nous constatons au cours de ces séances que tout être humain dispose d’une oreille résiduelle. Ces quatre petits enfants sont donc assis sur leur petite chaise, face à M. Robbins accompagné alors par son ex-épouse, Caroll. Les enfants semblent très disciplinés et surtout très motivés et plein d’intérêt pour la séance. Ils miment les gestes que C. Robbins leur indique de faire, ils chantent une chanson avec lui, en les accompagnant de la langue des signes. Ce qui est très surprenant c’est d’entendre ces enfants qui n’entendent pas, chanter en mesure et danser avec plaisir et envie. Pour un petit garçon qui ne peut chanter car il n’a pas encore compris réellement ce qui se passe, M Robbins lui prend la main et la pose d’abord sur sa propre gorge puis sur celle du petit lui-même, afin que ce dernier ressente les vibrations. M. Robbins nous explique ce qu’est cette oreille résiduelle existant en chacun de nous et nous explique que là encore, il faut atteindre la musicalité innée qui existe chez les personnes atteintes de surdité. Et puis, il nous propose de reprendre cette séance, nous nous levons donc et nous chantons : « I can stand up, la la la la la » tout en effectuant les gestes. Cette façon de nous mettre en situation nous permet quelque peu d’imaginer plus facilement le ressenti de ces petits patients. Citation relevée au cours du visionnage d’une séance de groupe : C. Robbins : « la thérapie de groupe dynamise ». « La musique mobilise l’attention ».
Cas d’adolescents malentendants
Nous visualisons ensuite le cas de jeunes pré-adolescents qui disposent chacun d’une trompette produisant un seul son. Caroll les accompagne au piano, le but de la séance est de ressentir les accords joués au piano et chaque fois que celui-ci finit une phrase par un ou deux accords, les enfants doivent souffler à leur tour une ou deux fois. Au départ, M Robbins est face à eux et leur montre d’un geste de la main le moment de souffler, mais il décide de donner confiance à ces enfants en leur proposant de refaire l’exercice, les yeux fermés. Au départ les enfants rient, pour eux, ça n’est pas possible. Pourtant, l’exercice est fort bien accompli au premier essai, et cela va même plus loin. Caroll s’arrête de jouer consciemment pour constater si les enfants vont attendre la reprise de la musique ou jouer un coup de trompette, ce qui signifierait qu’ils jouent au hasard. Et bien non, ils attendent tous, les yeux fermés, jusqu’à ce qu’une jeune-fille ouvre ses yeux et regarde en direction du piano en disant d’un geste du visage « ça vient ? »
Nous avons beaucoup ri, souri, durant la visualisation des toutes ces images, c’était formidable, touchant, bouleversant pour certains d’entre-nous. Nous avons pu en discuter et constater : Rien à dire de plus, cela est, il n’y a pas de triche, en utilisant le monde musical comme médiateur, des choses extraordinaires peuvent s’accomplir auprès des personnes.
Cas d’une personne dans le coma.
Le cas qui m’a le plus frappée.
Il s’agit d’un monsieur, M. J qui a subi un arrêt cardiaque. Il est dans le coma. Il a souffert aussi d’une thrombose et d’une insuffisance rénale. Il a d’abord subi une transplantation cardiaque qu’il a bien tolérée, mais un mois après, il est tombé dans le coma. Le personnel soignant a essayé chaque jour de le stimuler en lui disant à voix haute « Allez, Monsieur J. on se réveille, vous pouvez le faire », mais depuis un mois il n’a produit aucun mouvement, aucune réaction, ni auditive, ni douloureuse.
Une musicothérapeute intervient, (toutes les séances sont filmées). Elle demande à rester seule avec le patient et également de lui laisser un temps de repos, soit de ne pas intervenir immédiatement après les séances. La thérapeute commence par se pencher vers le malade et lui susurre ce qu’elle va faire. Elle se présente. Puis la thérapeute se met à chanter, d’une voie douce, sur un tempo calme et un ton plutôt aigu. Immédiatement, le malade tourne sa tête vers elle, les yeux toujours fermés. (Ceci est vu en images). Petit à petit, la thérapeute a la sensation que lorsqu’elle chante, le malade accorde ses mouvements respiratoires à ses pauses musicales. Alors elle pose sa main sur la poitrine du malade et chante en s’accordant elle aussi à son mouvement respiratoire. C’est tout ce qui lui reste en fait, le souffle, il ne peut rien faire d’autre. Dès la fin de la première séance, la thérapeute a la sensation qu’il l’écoute. Aussi elle décide de maintenir ce même travail et le même thème chanté, tout au long des séances qui vont suivre. Au fur et à mesure, elle décèle des variations dans ses mouvements respiratoires, elle réagit en surveillant sa respiration. Elle note les différences, il y a une évolution. Au cours d’une séance, la 6ème, le malade ouvre furtivement les yeux. A la 7ème séance il saisit la main de la thérapeute. Le film est stoppé à la 7ème séance. (Le personnel ayant constaté les faits avait appelé l’épouse de M. J pour qu’elle soit présente lors des séances).
A son réveil, M. J témoigne : « J’étais dans un champs de bataille, durant l’époque médiévale. On voulait ma mort, et l’on me cherchait pour me tuer, mon épouse voulait ma mort également. Alors je n’avais pas de raison de vivre. Mais tout à coup, j’ai entendu un chant et j’ai pensé : il y a quelqu’un qui chante ! C’est à partir de ce moment que je n’ai plus eu envie de mourir, parce que je pensais que s’il y a avait du chant, c’est qu’il y avait la vie. Les machines dans la pièce et le bruit du personnel, leurs cris pour que je me réveille, tout cela me semblait être des bombes et des armes, alors je n’avais pas de raison de vivre, et j’avais décidé de ne pas bouger,mais quand j’ai entendu la musique »…
Cet après-midi là, nous avons fait un peu de musicothérapie active, j’ai accompagné au piano sur de petites mélodies composées par M. Nordoff et des élèves disposaient d’instruments à percussion et devaient s’accorder rythmiquement avec la mélodie. Nous avons également fait un chant mimé avec les gestes. La musique permet la cohésion de groupe !
Mercredi 30 avril, matin.
M. Robbins arrive et comme pour les jours précédents, nous commençons par les chants de bonjour, comme nous le faisons aussi pour nous dire au revoir. Ce jour-là, M Robbins nous explique qu’il va nous parler de la valeur humaine de l’intuition et de l’inspiration. Il souhaite commencer par une anecdote :
« Dans une école, un professeur fait sa classe. Un enfant, noir américain, habituellement très gai entre en classe profondément attristé. Le professeur impatient lui crie dessus. « Arrête de pleurnicher, tu déranges la classe ».L’enfant a raconté plus tard à M. Nordoff ce qui lui était arrivé : Ce matin-là, alors qu’il devait se rendre à l’école et prendre l’autobus pour y aller, sa mère lui avait demandé de sortir la poubelle.
Malencontreusement, le sac éclata et tous les détritus s’étalèrent sur le sol. La mère, en colère dit à son enfant de se dépêcher de tout ramasser. C’est ce qu’il fit alors que le bus arrivait. Le chauffeur de ce dernier s’impatienta à son tour et cria à l’enfant qu’il n’allait pas l’attendre éternellement, sur ce, les moqueries des autres enfants qui de plus ne voulaient pas s’asseoir près de lui car il ne sentait plus bon ! Et puis, arrivé en classe, ce fut le professeur qui commença à crier… Quelle mauvaise journée !
Quand les enfants arrivèrent en salle de musique, le petit garçon était effondré, c’est alors que Paul Nordoff eu l’intuition puis l’inspiration et aussitôt il inventa une petite chanson qui disait : « Quand tu as envie de pleurer, tout simplement, pleure ». (M. robbins nous faisait chanter cette chanson avec différents couplets) « Quand tu as envie de danser » (Et nous nous sommes levés pour danser…) « Quand tu as envie de sourire », etc…
Pour en revenir à l’histoire, cette réaction de M. Nordoff permit à la tension présente dans la classe, de retomber.
Cas : C’est le cas d’un enfant qui a survécu alors qu’il est né au bout de 23 semaines de gestation.
Cet enfant est aveugle et présente des troubles autistiques. Mais il est obsédé par la musique, quand il en entend, il recherche automatiquement la source. En fait, cet enfant, Joshua utilise la musique comme écran contre la réalité extérieure.
A noter : C’est à partir de la 23ème semaine de gestation que l’enfant devient sensible aux sons.
1ère séance : Joshua est âgé d’une 10zne d’années. La séance commence en jeu. La dimension ludique est une façon très importante pour démarrer un travail. Elle permet d’être en interaction sans être trop proche du patient. Le thérapeute doit improviser et la créativité est primordiale. La réponse donnée par le patient inspire alors le thérapeute. Aussi, ce dernier doit posséder une force personnelle pour faire face à toutes situations et permettre au patient d’avoir des limites et de se sentir toujours encadré, contenu.
C.R : « Each session is an adventure », chaque session est une aventure. « Nous n’avons chaque fois, aucune idée de ce qui va se produire, parfois la mise en place des bases de la thérapie va mettre du temps, l’important est de noter le champs d’interaction qui s’ouvre. Lors de la rencontre avec le patient, ce que ce dernier va apporter au thérapeute l’empêche de s’asseoir sur ses acquis. Il devra toujours se remettre en question et développer sa réflexion personnelle, qui il est, qu’est-ce qu’il va faire »…
Dans ce cas de Joshua, nous avons pu voir un petit garçon qui certes montrait des aptitudes particulières pour la musique dès le départ, mais qui, comme Tiffany était au début inhibé, ne parlait presque pas, avait des gestes propres à l’autisme (stéréotypies) et à la fin des séances, au bout de trois années, il jouait du piano avec son thérapeute, composait, s’amusait, se contrôlait….
En conclusion de cette 3ème journée nous pouvions retenir ceci : C.R :
- Il faut pouvoir induire un nouveau développement au travers de la musicothérapie, un nouveau changement doit s’opérer.
- Il faut libérer les potentiels et la continuité dans le développement, grâce à la musicothérapie, ce changement peut s’opérer.
- La musicothérapie est toujours un support et elle est enrichissante d’un point de vue personnel.
- La musicothérapie n’a pas d’effet apparent.
En fait, les effets peuvent, s’ils ne sont pas évidents immédiatement, avoir des répercussions dans le temps et produire des changements bien plus tard. Quoiqu’il en soit, s’il n’y a pas de soin, la musique apportera toujours le bien-être.
Voilà pour ce court témoignage. Je remercie encore pour avoir vécu cette belle expérience, toutes les personnes qui étaient présentes, merci à M. Robbins et aux professeurs du centre de musicothérapie de l’université de Montpellier III de nous avoir offert en ces jours d’avril de l’année 2008, ces trois jours inoubliables.
Célina D.